Le 20 mars 2020


 

à Madame la Présidente de la Région Occitanie


 

Madame la Présidente,


 

La France traverse une situation dramatique au niveau sanitaire. Nous tenions à vous alerter sur les graves conséquences économiques et logistiques que va engendrer cette situation pour l’ensemble de la filière équine.

Bien que mal à l’aise dans notre démarche face au drame que subit notre population, nous devons attirer votre attention sur les répercussions économiques, qui vont engendrer d’autres drames, drames que nous souhaitons anticiper ici.

D’une part les recettes sont au point mort pour la filière équine comme pour beaucoup de branches professionnelles. Mais, contrairement à la plupart des branches professionnelles, de lourdes charges persistent puisque la filière équine s’adresse à du vivant qu’il faut entretenir.

D’autre part l’injustice et l’insécurité fiscale cumulées à une période morose n’ont pas permis de constituer la trésorerie nécessaire pour amortir cet épisode, épisode dont par ailleurs nous ne maîtrisons pas la durée. Les diverses mesures gouvernementales annoncées ne suffiront pas pour notre secteur.

Les difficultés économiques vont impacter en cascade, à court et moyen terme, les différentes activités professionnelles de la filière équine, et ce selon l’importance du cheptel d’équidés de chaque structure.

Ce cheptel, il faut le soigner, l’entretenir tant sur le plan alimentaire que physique et les installations utilisées font l’objet de mesures d’hygiène au quotidien.

 

Ce sont tout d’abord les centres équestres et poneys clubs qui sont touchés.

Contrairement aux activités sportives subventionnées, ce ne sont pas les collectivités qui vont palier leur survie et prendre en charge les frais de fonctionnement des Centres équestres (dont la moyenne est de 120 licenciés). Ils sont les premiers de la filière à souffrir de la situation car ils nécessitent une main d’œuvre conséquente qui ne peut être placée en chômage technique.

Enseignants, palefreniers, dirigeants, tous sont mobilisés et le nombre est important de chevaux et poneys qu’il faut nourrir et abreuver. Les soins prodigués et l’activité physique nécessaire au bien être des chevaux et poneys restent indispensables. Le mois de mars a déjà privé d’activité les structures affiliées, et le mois d’avril, période incluant aussi les stages de vacances scolaires, est un mois blanc côté recettes.

Une enquête est en cours et nous estimons les charges financières à 15 000€ en moyenne par Centre Équestre : loyers, alimentation, aliments, fourrages, litières, salaires, emprunts, charges, etc....

Dans un second temps se sont les éleveurs qui seront impactés.

En effet leur production est valorisée au cours des différentes compétitions, en général celles des jeunes chevaux de la SHF mais aussi fédérales pour les chevaux au-delà de 6 ans, la compétition étant également un marché permanent ou se commercialisent les chevaux et poneys dans différentes disciplines dont la discipline phare le CSO et les disciplines emblématiques de l’Occitanie que sont l’Endurance et le concours complet.

 

Si l’économie de cette branche est plus diluée dans le temps il n’en reste pas moins que les performances sont attendues dans l’instant au cours de la saison de valorisation et que celle_ci est compromise pour une période importante. La cavalerie va connaître un frein conséquent à la vente mais aussi avec une dépréciation importante par manque de valorisation.Le printemps est une période importante pour les naissances mais aussi pour la reproduction du millésime prochain et les saillies sont compromises dans cette période pourtant favorable pour les cycles des juments.

Au même titre les courses sont arrêtées : plus d’entée, plus de courses, plus de pari, c’est une branche importante de la filière, génératrice d’économie collective au travers du Fond éperon, qui est mise en sommeil. Les hippodromes n’échapperont pas à leurs charges ni les écuries qui vivent certes d'entraînement mais qui seront privées de gains et de primes.

Et que dire du tourisme équestre , des spectacles équestres, des branches certes plus estivales mais dont la perte est déjà palpable, la durée restant une inconnue.

En somme, l’activité est à l’arrêt, et les charges, importantes, persistent. Toute la filière est concernée, mêmes si le timing des répercussions diffère selon les spécificités de ses composantes.

Il est important pour le Conseil des Équidés d’Occitanie de pouvoir rassurer les professionnels de la filière équine, il est important de mettre en place un accompagnement logistique et financier qui évitera une faillite massive des structures équestres et équines.

Cette faillite impacterait d’une part les dirigeants et les salariés . Mais qu’adviendrait-il des cheptels ? C’est bien une deuxième catastrophe sanitaire et humaine que que l’on pourrait déplorer par ricochet.

Nous vous remercions de l’attention que vous avez déjà accordé à notre inquiétude.

Il est prioritaire pour nous de connaître votre position sur ce dossier et les perspectives d’accompagnement et de soutien de la région Occitanie vers la filière équine.

Nous vous prions d’accepter, Madame la Présidente, l’expression de nos respectueuses salutations.


 

Jean Louis Laurent, Président du premier collège production

Jacob Legros, Président du collège deuxième utilisation et Président du CRE

Gérard Dupuy , Président du troisième collège

François Cazes, Président du CEO